
Cigéo : Le plus Grand Projet industriel du siècle Inutile et Imposé
Bure, quelques dizaines d’habitants, des champs, des vaches et son laboratoire de recherche en couche géologique profonde.
C’est dans ce petit village au confint de la Meuse et de la Haute-Marne que l’ANDRA (l’agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) s’est implantée depuis le début des années 2000 pour étudier dans son « labo » les possibilités d’y enfouir les déchets les plus dangereux, toxiques et radioactifs produits par l’industrie nucléaire.
Depuis, ce laboratoire de recherche s’est progressivement transformé en projet industriel, en un défit morbide au cœur de la terre, pour une génération d’ingénieurs 2.0 bien à l’abris dans leurs bureaux : le projet Cigéo.
Ce projet titanesque, mégalo et hautement risqué est imposé par l’état et l’ANDRA à la population. Il est aujourd’hui en phase de conception et son processus d’autorisation administratif est en marche. S’il n’y a pas encore de déchets radioactifs à Bure et que le projet n’est pas encore autorisé, l’endroit pourrait devenir dans les prochaines années la poubelle de l’industrie nucléaire et devenir une vraie bombe nucléaire à retardement.
Cigéo en bref c’est
Accroche toi ça fait froid dans l’dos !
- un projet de stockage des pires déchets nucléaires à 500 m sous terre
- pour un coût au bas mot de 36 milliards d’euros
- 85 000 m3 de déchets radioactifs
- 99,9% de la radioactivité totale issue des déchets du parc nucléaire français (mais seulement 3% de leur volume)
- un chantier d’une durée de 130 ans (et une installation polluante, à haut risque pour l’éternité...)
- des dizaines de transports radioactifs par an pendant 100 ans
- un vaste terminal ferroviaire pour recevoir les déchets
- une descenderie d’environ 4km inclinée à 12% pour les acheminer dans le sous-sol
- 300 km de galeries pour stocker les déchets
- une zone de puits de ventilation recrachant des gazs radioactifs
- tout un tas de projets connexes et associés : nouvelles voies ferrées, lignes et postes électriques, travaux de voiries et de modification des ponts, passages à niveaux et autres ouvrages d’art...
- près de 2.600 hectares de forêts et de terres agricoles accaparés et condamnés
- 5 villages à terme rayé de la carte : Bure, Saudron, Mandres, Cirfontaines et Bonnet
Un projet imminent mais pas encore autorisé
Depuis 2012, l’ANDRA a lancé officiellement le projet Cigéo au plan industriel. Dès 2013, en plein débat public, elle lance des appels d’offre et conclut des marchés pour confier à différentes grosses entreprises et consortiums sa conception et l’ingénieurie des différents sous-système envisagés. Sur le plan technique le projet est si démentiel que tout est à l’époque à imaginer : conteneurs pour stocker les déchets, technologies pour les descendre et les « ranger », machines pour creuser les galeries, système de ventilation et de tuyauterie pour évacuer dans l’air et l’eau les rejets radioactifs, alimentation du site en eau…
Un chantier titasnesque au programme
Si le projet est autorisé, les travaux de Cigéo seraient titanesques et cinq villages pourraient être rayés de la carte. Aux installations souterraines et de surface, s’ajoutent de nombreux projets : modifications et constructions de routes et ouvrages d’art, raccordement aux réseaux ferré, d’eau, de gaz et d’électricité.
Prévu sur 130 ans, le chantier engendrerait des travaux pharaoniques de construction sur des dizaines d’hectares, répartis en plusieurs sites en surface et de creusement des galeries en sous-sol, le passage de 210 camions par jour, sans compter les engins de chantiers.
Avec pour conséquences la destruction massive du milieu naturel et de l’environnement, un accaparement des terres, un impact important sur le cadre de vie, le paysage, la ressource en eau et la biodiversité, des nuisances sonores et dégagements de poussières, au mépris de la santé et la sécurité de la population.
Le jack-pot pour les plus gros industriels
Eiffage, Airbus, LMC Lavallin, Derichebourg, Bouyges, RTE, Poma, Ingérop, Vinci et ses filiales, la SNCF et consorts (liste non exhaustive), toutes ces entreprises, dont la réputation de capitalistes qui génèrent des milliards d’euros en exploitant les travailleur.se.s à travers le monde n’est plus à faire, sont impliquées dans ce projet et vont toucher leur part du gateau !
Un projet à haut risque
Cocktails de gazs radioactifs rejetés à la surface, contamination des sols et des cours d’eau, risques d’éffondrement des galeries, de fuites, d’explosion et d’incendie, exposition des travailleur.se.s, transports dangereux par trains et par camions, ce projet cumule toutes les conditions pour engendrer un désastre industriel pour la santé de la population, le territoire de l’est de la France et l’environnement.
Un lègue empoisonné aux générations futures
Les déchets destinés à être enfouis dans le sous-sol resteront pour certains radioactifs et dangereux pendant des milliers voir des millions d’années. Une temporalité qui dépasse l’entendement, impensable et impensée à l’échelle de la vie humaine. Pour quelques dizaines d’années de « confort électrique » l’espèce humaine lèguent aux générations futures ses pires déchets toxiques pour l’éternité.
Un projet imposé par la force
Depuis 20 ans, l’Etat et l’industrie nucléaire achètent les consciences en arrosant le territoire à coup de subventions, amènagements et soutiens en tout genre, par le biais d’un GIP (Groupement d’intérêt public). Aujourd’hui ce sont pas moins de 60 millions d’euros pour chacun des deux départements concernés qui sont distribués chaque année. Au total plus d’un milliard d’euros auront été versés en 25 années, du jamais vu pour un projet même pas encore autorisé.
Celles et ceux qui s’y opposent sont surveillés.es et le mouvement est de plus en plus lourdement réprimé. Même la Ligue des Droits de l’Homme, qui n’a pourtant pas coutume de s’intéresser au nucléaire, ni de porter des positions radicales, y a consacré un rapport en juin 2019 qui conclut que “les autorités publiques se livrent à un harcèlement contre les opposants au site d’enfouissement à Bure, destiné à criminaliser leur position et leur manifestation et qui a pour effet de porter atteinte aux libertés individuelles“ [1].
Alors que l’Etat et l’ANDRA ont lancé à l’été 2020 la procédure d’instruction administrative et d’autorisation de Cigéo, qu’une enquête publique doit avoir lieu au printemps 2021 et que les expropriations et travaux préparatoires pourraient commencer quelques mois plus tard, il devient urgent que partout la résistance s’organisent et qu’émergent des actions décentralisées pour empêcher ailleurs et concrètement l’avancée du projet.
ON EST PAS DUP ! ON EST PAS DAC ! CIGEO VA S’FAIRE ENFOUIR !